Ils ont donné leur nom à un oiseaux

Soyons honnêtes, on en a tous rêvé, découvrir une nouvelle espèce d’oiseau et donner son nom à cette espèce. Si aujourd’hui ce genre de découverte est réduite à d’éventuelles reclassifications de sous espèces existantes, ce n’était pas le cas au XVIIIeme et XIXeme siècle ou beaucoup d’espèces ont été découvertes et surtout classifiées. Cet article dresse le portrait de quatre ornithologues qui ont réussi ce tour de force de donner leur nom à un oiseau.

Franco Andrea BONELLI (1784 – 1830)

Franco Andrea Bonelli
Franco Andrea Bonelli sur une pièce de monnaie

Naturaliste Italien, c’est durant sa jeunesse dans le delta du Pö en Italie que le jeune Franco Andrea Bonelli devient un chasser d’oiseau professionnel, il édite d’ailleurs un livre expliquant les méthodes de chasse les plus efficaces pour attraper les oiseaux. On imagine en effet assez facilement que l’étude des oiseaux à l’époque se faisait en chassant les spécimens (la photo n’existait pas et les optiques n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui). Bonelli débute sa carrière en tant qu’entomologiste (étude des insectes). Ses travaux attirent l’attention de Georges Cuvier (anatomiste français) qui lui permet de poursuivre sa formation au muséum d’Histoire naturelle de Paris. C’est en 1811 que Bonelli est nommé professeur d’histoires naturelles à l’université de Turin. Il commence alors à doter l’université d’une collection de zoologie remarquable. Bonelli reçoit en 1815 un passereau tué dans la région de Turin, il envoie le spécimen à son collègue ornithologue français Louis Jean Pierre Vieillot qui décrira cette espèce en 1819 sous le nom de Sylvia Bonelli (puis renommé Phylloscopus Bonelli) ou Pouillot de Bonelli. C’est le même scénario pour son Aigle, en 1822 Vieillot décrit cette espèce sous la dénomination Aquila fasciata (sur la base d’un spécimen découvert par Bonelli), et c’est un peu plus tard que le naturaliste néerlandais Coenraad Jacob Temminck proposera en hommage à Bonelli le nom d’Aigle de Bonelli.

Le saviez-vous: Francesco Andrea Bonelli était atteint de rachitisme et mesurait 1m37.

 

Morten Thrane Brünnich (1737 – 1827)

Brunnich
Brunnich est le père fondateur du naturalisme Danois

Il est le père fondateur du naturalisme Danois et on lui doit bien sur la découverte du Guillemot de Brünnich. Il aura durant sa carrière de zoologiste la responsabilité la conservation de deux collections. Dans le cadre de cette activité, il recevra de nombreux spécimens nordiques qui serviront de base à la rédaction de l’ouvrage Ornithologia Borealis (1764). L’ouvrage décrit pour la première fois de nombreuses espèces de Scandinavie et notamment un guillemot déjà décrit par un confrère (Linné) en 1758 sous le nom de Alca lomvia. Il s’approprie cette nouvelle espèce en la nommant Uria troile mais ce nom était alors la dénomination anglaise du guillemot de Troïl. Il est vrai que la ressemblance entre les deux espèces est très forte et même aujourd’hui il est parfois difficile de différencier Guillemot de Troïl et de Brünnich. La situation autour des deux espèces était toutefois confuse et ce n’est qu’en 1818 que Sabine donne le nom de Uria brünnichii au Guillemot de Troïl.

Le saviez-vous ? la sous-espèce nord pacifique du guillemot de Troïl est aussi appelée Palla’s mure en Anglais en rapport à son découvreur Peter Simon Pallas

Pierre Belon (1517-1565)

Pierre Belon
Pierre Belon, un des père fondateur de l’ornithologie moderne

Si l’origine du mot Tadorne n’est pas clairement défini, le Tadorne de Belon porte bien le nom de Pierre Belon dont la vie est également assez mal connue. Il nait en 1517 dans le village de la Soultière (France). Il exercera durant sa vie de nombreux métiers en commençant par apothicaire puis médecin, ethnologue, géographe et naturaliste. La période 1546-1549 est marqué par un voyage ou il accompagne une mission diplomatique conduite par Mr d’Aramont. Cette épopée le conduira en Grèce, Crête, Rhodes, Lybie, Egypye, Palestine, Syrie et Asie mineure. Il a pour mission de décrire les animaux, sites historiques et objets rencontrés. C’est à l’issu de ces voyages, grâce à sa notoriété dans le milieu scientifique de l’époque mais aussi avec ses connaissances encyclopédiques qu’il publiera à partir de 1555 de nombreux ouvrages naturalistes. Il sera également le premier à tenter de classifier les oiseaux (les notions de rapaces et oiseaux des champs son introduites par Belon). C’est dans un de ces ouvrages (L’histoire de la nature des oyseaux) ou il décrit pour la première ce qui deviendra son Tadorne. Il meurt en 1565 assassiné dans le bois de Boulogne en laissant un héritage inestimable aux ornithologues des générations futures.

Le saviez-vous ? Pierre Belon est à l’origine de l’introduction du platane en Europe occidentale.

tadorne de belon
tadorne de belon dans l’ouvrage « L’histoire de la nature des oyseaux, 1555 »

Edward Sabine (1788-1883)

Conseil Arctique
Conseil arctique en train de planifier une expédition de gauche à droite: George Back, William Edward Parry, Edward Bird, James Clark Ross, Francis Beaufort (seated), John Barrow, Jnr, Edward Sabine, William Alexander Baillie Hamilton, John Richardson et Frederick William Beechey

Il est difficile de résumer la vie d’Edward Sabine en quelques lignes. Natif de Dublin, Sabine suit la tradition familiale et commence sa vie en tant que militaire. En 1813 il est envoyé au Canada, son bateau est attaqué par des pirates américains mais il sera repris par les anglais quelques jours plus tard. Il débarque au Canada sain et sauf. Il servira 3 ans dans ce pays avant de rentrer en Angleterre ou il décide de consacrer sa vie à la science. En 1818 et 1819 il participe en tant qu’apothicaire à deux expéditions (celle de John Ross et William Parry) à la recherche du passage du Nord Ouest. C’est pendant la première expédition que John Ross et Edward Sabine débarquent sur ilot proche du Cap York au nord ouest du Canada. Les sternes arctiques nichent sur l’ilot et les deux explorateurs remarquent des mouettes inconnues, ils tirent sur l’animal et l’expédient en Angleterre ou l’oiseau est présenté à la Linnean Society of London (société savante de taxinomie encore en activité) comme étant une nouvelle espèce Larus Sabini (Mouette de Sabine). Outre cette découverte l’expédition entre en contact avec les Eskimos de Thulé isolés du reste du monde depuis des générations et considérés comme les ancêtres du peuple Inuit. En rentrant au pays Sabine publie un article a Memoir of the birds of Grennland consultable dans les archives de la Linnean Society. Le reste de la vie de Sabine sera consacré à l’étude du champ magnétique terrestre.

Le saviez-vous ? L’île de Sabine située sur la côte Ouest du Groenland a été nommé ainsi en hommage à son découvreur Edward Sabine.

Mouette de Sabine
Illustration de la mouette de Sabine dans les archives de la Linnean Society

A suivre …

Manuel Heitz

Le terreau de ma passion: les souvenirs d'enfance, un voyage en Camargue avec mon père, oncle et frère, une visite dans les gorges du tarn et un rollier qui s'avèrera fatal pour l'alfa de l'époque ... et puis ma première paire de jumelles acheté à Mamouth ! Deux pour le prix d'unei ! Bref, passionné d'ornithologie depuis l'enfance, je suis le co-fondateur du groupe ornitho de birdwatching-blog qui a pour objectif de partager les informations relatives à cette discipline exaltante.

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